M'sieur, il a sous-traité ma mère !
Peut-être certains d'entre nos quatre lecteurs ont-ils vu passer l'histoire de cette fuite des coordonnées bancaires de 21 millions d'Allemands. Apparemment, elles proviendraient du personnel de sociétés sous-traitantes, mal payé et précaire, qui n'hésiterait pas trop à avoir recours à des procédés indélicats pour arrondir leur fins de mois. La sous-traitance porte sur la gestion de clientèle et le marketing. Ce n'est bien sûr pas prouvé, mais disons que l'autre piste - celle d'un énorme grizzly vert déguisé en ninja - n'est pas corroborée pas tous les témoins.
L'explosion du marché de la sous-traitance date d'une vingtaines d'année à peu près, période sur laquelle elle est devenue un recours de plus en plus systématique pour des entreprises de taille de plus en plus réduite.
La création du marché de la sous-traitance est liée à l'expansion des sociétés de conseil dont la plus symbolique est Andersen Consulting, qui a connu son heure de gloire en magouillant les comptes d'Enron. Le conseil est généralement né des sociétés d'expertise financière et juridique qui réalisaient les audits exigés par la tenue d'une comptabilité à vaste échelle. De la réalisation de ces audits, des conséquences pouvaient être tirées afin d'optimiser le fonctionnement et le plus souvent le rendement de la société. Ce qui était un à-côté pour ces sociétés d'analyse est ainsi devenu une activité à part entière.
Si la naissance du conseil en tant que secteur remonte aux années 70, ce sont les années 80 qui voient sa croissance exponentielle au sein des grands groupes, et les années 90 qui couronnent son accession au marché juteux des entreprises de taille moyenne.
En trente ans, les activités de conseil ont pris une telle importance dans le monde économique, qu'elles sont l'un des points de chute le plus courant pour les diplômés d'école de commerce - écoles qui ont parfois du mal à convaincre leurs étudiants de faire justement plutôt du commerce que du conseil.
Les sociétés de conseil se multiplièrent, et les normes qu'elles définissaient collectivement s'appliquèrent donc sur une surface entreprenariale de plus en plus grande.
Le fait de détacher certaines activités d'une entreprise - certaines divisions ou comptes - pour les confier à d'autres sociétés, plus petites, qui se seraient spécialisée dans la gestion d'un domaine précis, fut un élément de base préconisé dans la réduction des coûts, il en fut même l'élément symbolique, le mythe fondateur du conseil.
C'est aujourd'hui quelque chose d'extrêment courant de déléguer le poste client, ou le facturage ou sa comptabilité, à une autre boîte. C'est parfois très utile même pour une certaine échelle de boîte, qui a les moyens de se payer une sous-traitance mais pas une division comptable.
Mais les entreprises qui ont fait la gloire originelle d'Andersen n'étaient pas particulièrement aux abois. Il y a dans la vie économique des effets de mode aussi puissants que n'importe où. Non, la gloire d'Andersen, ce fut de faire gagner encore plus d'argent à des boîtes qui en gagnaient déjà beaucoup, et ce fut la mode de réduire ses coûts pour dégager encore plus de bénéfices.
Quel en est l'intérêt, hormis de pouvoir s'acheter une Porsche de plus ? L'intérêt est simple : il crée de la croissance dans l'entreprise, tout en restant immobile - sans trouver de nouveau marché, sans augmenter les ventes. Le procédé permet donc de créer de la croissance là où il n'y en a pas.
Dans les années 70, il y a deux chocs pétroliers, qui donnent un coup d'arrêt à la croissance ininterrompue des Trente Glorieuses, croissance générée par la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'expansion américaine, et la construction du marché commun européen.
Dans les années 70 naît le conseil, dont le job est de générer de la croissance qui ne soit pas commerciale.
Avoir recours à une société de conseil permet de faire monter l'action, parce que la Bourse anticipe le gain que l'entreprise en retirera. Dans un monde couvert d'entreprises et où les nouveaux marchés se font rare, l'optimisation par le biais d'une société de conseil permet de créer un mouvement boursier sans avoir à vendre plus de ce qu'on a à vendre - et facilite par exemple l'obtention d'un crédit ou une augmentation de capital. On peut rêver sur ce que signifie le fait de réduire les coûts pour obtenir un crédit.
Derrière ces sociétés de conseil, maîtres d'oeuvre de la sous-traitance systématique, se profilent évidemment les banques d'affaires, dont la spécialité est d'analyser les mouvements des entreprises et de proposer à ses clients différents types d'opération, la plus connue étant la De Fursac, la griffe de l'Haum, la fusac.
Si la sous-traitance embauchait des CDI avec un bon salaire, elle ne ferait pas d'économie par rapport à l'entreprise qui lui a confié sa compta justement pour ne pas embaucher des CDI avec le salaire fixé par les conventions collectives ou son échelle interne. La sous-traitance n'est donc pas le règne de la prospérité des employés. Par ailleurs, une entreprise qui se spécialise dans la sous-traitance, c'est une entreprise qui ne vend ni ne produit rien mais qui tire son revenu direct du volume d'activité des autres entreprises. En cas de crise, la sous-traitance a dix fois plus de chances de s'en prendre plein la tronche.
Où j'en étais déjà ? Ah oui, les coordonnées bancaires barbotées par des employés de sous-traitances, sous-payés, en période de crise.
Bon, on va pas en faire un fromage non plus.
On va trouver une solution.
On va demander à une société de conseil.
L'explosion du marché de la sous-traitance date d'une vingtaines d'année à peu près, période sur laquelle elle est devenue un recours de plus en plus systématique pour des entreprises de taille de plus en plus réduite.
La création du marché de la sous-traitance est liée à l'expansion des sociétés de conseil dont la plus symbolique est Andersen Consulting, qui a connu son heure de gloire en magouillant les comptes d'Enron. Le conseil est généralement né des sociétés d'expertise financière et juridique qui réalisaient les audits exigés par la tenue d'une comptabilité à vaste échelle. De la réalisation de ces audits, des conséquences pouvaient être tirées afin d'optimiser le fonctionnement et le plus souvent le rendement de la société. Ce qui était un à-côté pour ces sociétés d'analyse est ainsi devenu une activité à part entière.
Si la naissance du conseil en tant que secteur remonte aux années 70, ce sont les années 80 qui voient sa croissance exponentielle au sein des grands groupes, et les années 90 qui couronnent son accession au marché juteux des entreprises de taille moyenne.
En trente ans, les activités de conseil ont pris une telle importance dans le monde économique, qu'elles sont l'un des points de chute le plus courant pour les diplômés d'école de commerce - écoles qui ont parfois du mal à convaincre leurs étudiants de faire justement plutôt du commerce que du conseil.
Les sociétés de conseil se multiplièrent, et les normes qu'elles définissaient collectivement s'appliquèrent donc sur une surface entreprenariale de plus en plus grande.
Le fait de détacher certaines activités d'une entreprise - certaines divisions ou comptes - pour les confier à d'autres sociétés, plus petites, qui se seraient spécialisée dans la gestion d'un domaine précis, fut un élément de base préconisé dans la réduction des coûts, il en fut même l'élément symbolique, le mythe fondateur du conseil.
C'est aujourd'hui quelque chose d'extrêment courant de déléguer le poste client, ou le facturage ou sa comptabilité, à une autre boîte. C'est parfois très utile même pour une certaine échelle de boîte, qui a les moyens de se payer une sous-traitance mais pas une division comptable.
Mais les entreprises qui ont fait la gloire originelle d'Andersen n'étaient pas particulièrement aux abois. Il y a dans la vie économique des effets de mode aussi puissants que n'importe où. Non, la gloire d'Andersen, ce fut de faire gagner encore plus d'argent à des boîtes qui en gagnaient déjà beaucoup, et ce fut la mode de réduire ses coûts pour dégager encore plus de bénéfices.
Quel en est l'intérêt, hormis de pouvoir s'acheter une Porsche de plus ? L'intérêt est simple : il crée de la croissance dans l'entreprise, tout en restant immobile - sans trouver de nouveau marché, sans augmenter les ventes. Le procédé permet donc de créer de la croissance là où il n'y en a pas.
Dans les années 70, il y a deux chocs pétroliers, qui donnent un coup d'arrêt à la croissance ininterrompue des Trente Glorieuses, croissance générée par la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l'expansion américaine, et la construction du marché commun européen.
Dans les années 70 naît le conseil, dont le job est de générer de la croissance qui ne soit pas commerciale.
Avoir recours à une société de conseil permet de faire monter l'action, parce que la Bourse anticipe le gain que l'entreprise en retirera. Dans un monde couvert d'entreprises et où les nouveaux marchés se font rare, l'optimisation par le biais d'une société de conseil permet de créer un mouvement boursier sans avoir à vendre plus de ce qu'on a à vendre - et facilite par exemple l'obtention d'un crédit ou une augmentation de capital. On peut rêver sur ce que signifie le fait de réduire les coûts pour obtenir un crédit.
Derrière ces sociétés de conseil, maîtres d'oeuvre de la sous-traitance systématique, se profilent évidemment les banques d'affaires, dont la spécialité est d'analyser les mouvements des entreprises et de proposer à ses clients différents types d'opération, la plus connue étant la De Fursac, la griffe de l'Haum, la fusac.
Si la sous-traitance embauchait des CDI avec un bon salaire, elle ne ferait pas d'économie par rapport à l'entreprise qui lui a confié sa compta justement pour ne pas embaucher des CDI avec le salaire fixé par les conventions collectives ou son échelle interne. La sous-traitance n'est donc pas le règne de la prospérité des employés. Par ailleurs, une entreprise qui se spécialise dans la sous-traitance, c'est une entreprise qui ne vend ni ne produit rien mais qui tire son revenu direct du volume d'activité des autres entreprises. En cas de crise, la sous-traitance a dix fois plus de chances de s'en prendre plein la tronche.
Où j'en étais déjà ? Ah oui, les coordonnées bancaires barbotées par des employés de sous-traitances, sous-payés, en période de crise.
Bon, on va pas en faire un fromage non plus.
On va trouver une solution.
On va demander à une société de conseil.