Epiphapschitt

Publié le par Tom

    Il y eut encore un sacré paquet de jours, puis un sacré paquet de nuits glaciales, et enfin le 18 octobre vint. C'était un jeudi beau comme l'aube sur le Mékong au printemps1875, et ça faisait un mois et six jours qu'on avait été parachutés dans le jardin de monsieur Basilic.

    Le 18 octobre, jour de la Réparation.
    Pour tout dire, Jerry et moi, on a fixé ça comme début de notre nouveau calendrier.

    On avait un timing que dans n'importe quel film avec Georges Clooney et Brad Pitt tout le monde aurait été jaloux.
Step one : Les Samaritains venaient réparer le jeudi.
Step two : Le vendredi en fin de matinée, monsieur Qualigaz re-re-re-revenait et nous délivrait enfin une certification d'installation.
Step three : Le vendredi en fin d'après-midi, GDF passait et mettait le gaz au singulier à défaut de l'avoir mis au pluriel jusque là.

    Tous ces rendez-vous étaient pris depuis deux semaines, et comme dans un film, la seule raison susceptible de faire capoter l'affaire, c'est que le héros a annoncé au début qu'il n'y a aucune raison que ça rate.

    Il faut cependant savoir qu'à GDF, ils sous-traitent. A GDF, quand on prend un rendez-vous pour mettre le gaz, c'est pas eux qui viennent, c'est d'autres gens. Alors GDF prend note qu'on aimerait que GDF mette le gaz, et GDF répond que bien sûr, ils vont demander à d'autres gens, qui nous rappelleront dans la semaine pour fixer rendez-vous. En fait, c'était la quatrième fois qu'on faisait ça, mais à GDF, ils ont l'amour du client, ils aiment bien expliquer tous les détails de la procédure dans le téléphone surtaxé avec quoi qu'on les appelle.
    Trois fois, qu'ils nous avaient rappelés ensuite, les autres gens qui mettent le gaz, pour prendre rendez-vous. Et trois fois qu'on avait annulé en ouhaouhant à l'aube.

    Mais la quatrième fois, ils avaient pas rappelé dans les délais, les autres gens. Ça nous semblait bizarre, mais ils nous restait encore une dizaine de jour avant la Réparation, on se disait : "ça va venir".
    Quatre jours avant la Réparation, ça n'était toujours pas venu. Mais GDF nous rassura par surtaxe sans fil : s'ils n'avaient pas appelé, les autres gens, ils allaient le faire. Tout était conforme dans l'ordinateur.
    Mais peut-être, avons-nous dit, peut-être ça vaudrait le coup de leur passer un coup de fil, histoire de leur rappeler qu'ils ont peut-être oublié ?
    Pensez-vous ! L'ordinateur ne se trompe jamais, et puis appeler les techniciens qui viennent d'ailleurs, comment faire, ils n'ont même pas de numéro surtaxé ! Donc vendredi après-midi, sans qu'il soit possible d'en douter, les gens d'ailleurs envoyés par GDF seraient là avec du gaz et beaucoup d'amour du client.

    Le jour de la Réparation est donc venu.
    Il est venu d'abord par téléphone, une heure avant le rendez-vous.
    "Oui, allô, je sais que vous allez rire, mais on a un empêchement, monsieur Samaritain est malade. Donc, lundi prochain, plutôt ?"

    Vous allez rire : on a pas ri.

    Finalement, après plusieurs explications diverses, une équipe de secours est arrivée, et monsieur Basilic aussi, mais par un autre chemin et comme inopinément. Mais monsieur Basilic n'est pas resté longtemps parce que le type de l'équipe de secours a dit, "C'est bizarre que ça fuit comme une passoire, votre installation, on jurerait que c'est tout neuf" alors monsieur Basilic s'est rappelé qu'il avait une partie de tarot avec les carottes et il est allé se cacher dans la cabane à outils.

    Le lendemain, monsieur Qualigaz est venu, il a tout vérifié, et le ciel a brillé d'un éclat doré et les buissons ont brûlé d'un feu qui ne consume pas et les grenouilles ont chanté et ça ne fuyait pas.

    Et pendant cette matinée, GDF a reconfirmé que même si les autres gens n'avaient pas appelé pour confirmer le rendez-vous, ils viendraient.

    A 16 heures, GDF nous a confirmé qu'il fallait attendre 19H, la fin du créneau de fin d'après-midi, avant de conclure que les techniciens n'étaient pas venus. Parce qu'un gros doute ne constituait pas une raison suffisante d'appeler les techniciens.

    A 19H, GDF a reconnu que le gros doute avait muté en certitude et nous a appris qu'à partir de 17H on ne pouvait plus appeler les techniciens. Puis GDF nous a demandé d'aller visiter la Grèce et de rappeler lundi.

    On a hésité, et puis vers 23H, quand même, on est allé dire à monsieur Basilic que c'était plus la peine de se cacher dans l'appentis.
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R
C'est là qu'on se dit qu'il y a (au moins) un concurrent en France pour le gaz. Alors bon, ça reste les mêmes tuyaux, c'est peut-être même les mêmes sous-traitants, mais... ils ont peut-être une plus jolie musique que le "ouhaouha" de GDF...
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T
Mmm... pas sûr qu'une boîte qui s'appelle Poweo ait trouvé mieux que "ouhaouha" pour sa musique d'attente...